Nous avons tous une histoire de publicité ciblée qui survient après que nous avons parlé du sujet avec quelqu’un. Je n’ai pas de chat, je n’aime pas les chats, je n’ai jamais fait de recherche sur le sujet, je suis même allergique !
Mais après avoir parlé de bébé chat au BBQ d’un ami, je suis criblé de publicités de produits… pour les chats !
J’aurais mieux aimé les produits de BBQ. Je n’ai pas aimé car je me suis senti espionné à un autre niveau, on a violé ma vie privée.
Considérez-vous comme salués, vous tous qui, comme moi, êtes des consommateurs qui avez déjà eu cette impression. Impression, car jusqu’ici, nous n’avions jamais eu de preuve réelle que nos appareils nous écoutaient pour la publicité. En effet, plusieurs spécialistes ont essayé de démontrer ce fait par l’analyse du code et autres techniques, mais personne n’a trouvé un début de preuve. Mais voilà que, dernièrement, un document interne de CMG (Cox Média Group) nous a probablement fourni le début de la preuve. Beaucoup de questions sur la vie privée et la protection des renseignements personnels, le consentement éclairé et le côté éthique de ce type de publicité ciblée.
En effet, leur présentation Powerpoint pour investisseurs à révéler des faits troublants. Inquiétants même…
Il était question que les cellulaires ne servent pas seulement à suivre nos activités en ligne, mais qu’ils écoutent ce qu’on dit à voix haute ! L’active listening, l’écoute active est une technologie qu’ils ont développée et qui leur permet d’écouter et d’analyser les conversations sur nos cellulaires, mais aussi des télévisions intelligentes et autres objets connectés. En utilisant l’intelligence artificielle pour collecter et traiter ce qu’on voudrait acheter dans nos conversations quotidiennes, ils peuvent nous cibler comme jamais auparavant. Comme si ce n’était pas assez, ils combinent le tout avec nos données comportementales, toutes les traces que nous laissons derrière nous en ligne, tel le petit poucet.
« En utilisant l’intelligence artificielle pour collecter et traiter ce qu’on voudrait acheter dans nos conversations quotidiennes, ils peuvent nous cibler comme jamais auparavant. »
Ils proposent donc à leur clients de créer des audiences précises en combinant les données audios de plus de 470 sources avec l’historique et la navigation actuelle de centaine de sites web. Ils analysent quotidiennement plus de 1,9 trillion de données provenant des sites de vidéos, de médias sociaux, de plateformes et d’applications mobiles. Ces données sont ensuite utilisées comme audience pour les plus grandes plateformes comme Google, Meta, LinkedIn et Amazon. Ensuite, avec un pixel sur le site de l’annonceur, ils peuvent mesurer les retombées et les conversions.
Ils vont même jusqu’à présenter fièrement qu’ils ont été parmi les 4 premières compagnies média du monde à devenir Facebook Marketing Partner, qu’ils sont Google Premier Partner depuis le début du programme il y a 11 ans et qu’ils sont les premiers partenaires média d’ Amazon. De plus, sur cette page de leur présentation, c’est écrit noir sur blanc : « They keep us in the know ! » (Ils nous tiennent au courant !)
Les réactions sont timides pour le moment. Google a retiré CMG de son Programme partenaire et a déclaré que tous les annonceurs devaient se conformer aux lois et règlements en vigueur. Meta a pour sa part indiqué qu’elle examinait si la technologie avait violé ses conditions de service. Méta a aussi réitéré qu’elle n’utilisait pas les micros des cellulaires pour le ciblage publicitaire.
Amazon a également nié toute implication dans ce programme et a averti qu’il engagerait des poursuites judiciaires contre tout partenaire qui enfreindrait ses règles.
Inquiétant je vous disais… Mais est-ce légal ? Il semble que oui, dans une certaine mesure.
Oui car à chaque fois que nous acceptons les politiques de confidentialité ou d’utilisation, que nous téléchargeons une nouvelle application ou que la mettons à jour, nous donnons notre consentement (sans avoir lu les détails) à être ainsi surveillés.
Non car avec les nouvelles dispositions légales, comme notre magnifique loi 25 au Québec, nous devrions avoir toutes les informations claires, détaillées et simples afin de prendre une décision éclairée et libre.
Ces nouvelles preuves nous rappellent que nous devons prendre nos responsabilités, lire les détails et les conditions des services et logiciels que nous utilisons. Si c’est gratuit, je suis le produit ! Nous devons fournir des efforts, mais encore faut-il que les compagnies technologiques et publicitaires soient plus transparentes. Elles doivent prendre leurs responsabilités et nous protéger, parfois de nous-mêmes. Mais le plus important, c’est comment nous nous sentons comme consommateurs. Trahis, mentis, lésés, la relation de confiance ne s’améliore pas, et notre méfiance augmente toujours. Nous ne voulons pas faire affaire avec des compagnies de la sorte.
Maintenant, visualisez le marketing que vous déployez pour votre concession.
- Avez-vous des partenaires qui ont des pratiques opaques ?
- Êtes-vous conscient de l’ensemble de vos actions publicitaires ?
- Connaissez-vous bien les outils et les technologies que vous utilisez ?
La question se pose…
Car si nous désirons être respectés comme consommateurs avec du marketing légal et moral, nous devons en offrir autant à nos clients ! L’ignorance ne sera pas une bonne défense.
Protégez votre réputation, c’est votre bien le plus précieux.
L'article On nous écoute… pour notre bien ! a été publié initialement sur Affaires automobiles.