Est-ce le début de la fin pour les pixels de Meta et de Google Analytics ?

Le cabinet d’avocats américain Wisner Baum a déposé le premier recours collectif RICO contre H&R Block, Meta et Google. RICO signifie Racketeer Influenced and Corrupt Organizations ou, en traduction libre, des organisations corrompues et influencées par des racketteurs. Une loi fédérale de nos voisins du sud initialement conçue pour combattre le crime organisé. Faut croire que le crime s’organise de différentes façons, et ce qui est le plus triste, c’est que nous apprenons de plus en plus que nous sommes tous victimes de violation de nos renseignements personnels.

Considérez-vous comme salués collègues de l’industrie ! À titre de concessionnaires, nous aimons les pixels de Meta et de Google Analytics. Pour la simple raison que nous pouvons dépenser mieux (plus) notre publicité dans leurs écosystèmes. Nous voulons cibler et recibler, segmenter les audiences et personnaliser en pensant qu’on augmentera nos ventes par rapport à nos concurrents locaux. (Et moi qui pensais que la quasi-totalité des concessionnaires avaient à peu près la part de marché de leur fabricant). Mais à titre de consommateurs, nous commençons à détester les pixels, les fichiers témoins, les Google Analytics qui permettent des bons Google Ads. Plus nous apprenons ce que tous ses joueurs font avec nos renseignements personnels et comment ils les collectent sans nous avertir ou nous expliquer, moins nous avons confiance !

Prenez le cas présent de H&R Block, Meta et Google. Le recours collectif allègue qu’ils ont violé les droits à la vie privée en collectant et en partageant illégalement des données fiscales sensibles, sans consentement, avec pour objectif plus de profits grâce à la publicité directe et ciblée aux consommateurs. Quand une personne utilise le site Web H&R Block (aux États-Unis) pour remplir sa déclaration, le Pixel Meta et Google Analytics intercepteraient, collecteraient et transmettraient des données respectivement à Meta et à Google. Les types de renseignements personnels de clients partagés à son insu sont : le nom, le numéro de sécurité sociale, l’adresse, le revenu, le montant du remboursement, les déductions, les personnes à charge, les biens à revenus, la date de naissance, les cotisations au compte d’épargne santé, les dépenses d’études et plus. Google et Meta auraient utilisé ces données pour mieux comprendre les comportements des consommateurs (ils sont bons pour nous), mesurer les performances des campagnes publicitaires et cibler directement les consommateurs avec des publicités supplémentaires. Donc avoir le plus de renseignements personnels pour seul objectif de faire plus d’argent avec nos données.

Google et Meta ont fait de nombreuses fausses déclarations sur la vie privée. Par exemple, Google déclare qu’il n’utilisera pas de renseignements personnels pour cibler les consommateurs à moins d’avoir son consentement exprès et qu’il est contraire à leurs politiques d’utiliser de l’information sensible pour cibler des publicités. Google n’applique pas réellement ces politiques et permet à ses clients de suivre toutes les données qu’ils souhaitent grâce à l’utilisation de Google Analytics (la version payante). Google Analytics traverse des années tumultueuses et pas seulement pour le passage à GA4. 

Les faits et les dates importantes à savoir : 

Janvier 2022 en Autriche, interdit pour non-respect du RGPD ; 

Février 2022 en France pour le transfert illégal des données (entente EU-US) ;

Juin 2022, l’Italie se positionne comme l’Autriche et la France pour le transfert illégal de données vers les États-Unis;

Septembre 2022, le Danemark à légiféré sur l’illégalité de Google Analytics et demande l’arrêt de son utilisation ;

Janvier 2023, la Finlande aussi se positionne et ajoute Google Tag Manager à Google Analytics comme outils qui viole la vie privée ;

Mars 2023, la Norvège recommande d’utiliser des alternatives à Google Analytics et mentionne même que GA4 ne règle pas les problèmes ;

Juillet 2023, la Suède donne la première amende pour l’utilisation de Google Analytics (1 million d’euros).

 

Pour ce qui est de Meta, ils ont fait de nombreuses fausses déclarations concernant leurs politiques de confidentialité, entre autres en affirmant que les développeurs, comme H&R Block, ne seraient pas autorisés à transmettre de l’information sensible, y compris les renseignements financiers personnels. Dans un mémo interne d’avril 2022, un employé de Meta a écrit : « Nous n’avons pas un contrôle adéquat et nous ne pouvons expliquer comment nos systèmes utilisent les données. Donc, nous ne pouvons changer les politiques, la façon de contrôler et nous engager pour dire que nous allons faire ceci ou cela, qu’on n’utiliserait pas les données X des fins Y. »

Comment nous rassurer 

Il nous est de plus en plus difficile d’avoir confiance en ces gros joueurs. Ils n’existent que pour les profits ! Google génère 78 % de ses profits avec la publicité, soit environ 239 milliards sur les 307 milliards totaux. Meta, pour sa part, a généré plus de 116 milliards en revenus, dont 113 milliards qui proviennent de la publicité. Ils ont de plus confirmé qu’ils utilisent ces données pour cibler les publicités auprès des contribuables et pour former les algorithmes d’IA de l’entreprise.

Google affirme à ses clients comme nous, les concessionnaires, que Google Analytics « permet au partenaire d’avoir la possibilité de comprendre comment leurs clients interagissent avec leurs sites et leurs applications, d’anticiper les actions futures des consommateurs avec de l’apprentissage machine et d’optimiser les performances de la publicité. »

Mais Google nous dit aussi, à nous les clients : « Les gens veulent que les sites web qu’ils visitent soient bien conçus, faciles à utiliser et respectueux de leur vie privée. Google Analytics aide les éditeurs à comprendre dans quelle mesure leurs sites et leurs applications fonctionnent pour leurs visiteurs, mais pas en identifiant les individus ni en les suivant sur le web. Ces organisations, et non Google, contrôlent quelles données sont collectées avec ces outils et comment elles sont utilisées. » Donc c’est juste pour être gentil et s’assurer qu’on peut naviguer sur des bons sites et sans responsabilité de leur part… Ils ne peuvent plus parler des deux côtés de la bouche.

Maintenant, comme concessionnaires, comment voulons-nous traiter nos visiteurs, nos clients ? Comment voulons-nous faire nos publicités et notre marketing ? Il est facile de demeurer dans ces écosystèmes confortables, même s’ils s’écroulent lentement. Il est possible que nous soyons obligés par les lois, dont la LPRPSP (Loi 25) ici au Québec. Mais pouvons-nous commencer à réfléchir sur d’autres solutions et alternatives ?

Ne le désirons-nous pas comme consommateurs ? Plus de transparence et d’intégrité. 

Quand je veux savoir si ma stratégie marketing et les outils utilisés sont faits de façon éthique, morale et légale, je m’imagine le scénario suivant : suis-je à l’aise avec mes stratégies et ma façon de faire si un groupe de clients témoins est présent dans une salle, et si je dois leur expliquer dans le détail ce que je fais, pourquoi je le fais, ce que ça m’apporte et ce que ça leur apporte…

Est-ce le début de la fin pour cette ère de marketing où deux ou trois gros joueurs contrôlent tout, font les profits et ne nous respectent pas ? Est-ce l’ère où nous allons respecter notre vie privée ?

L'article Est-ce le début de la fin pour les pixels de Meta et de Google Analytics ? a été publié initialement sur Affaires automobiles.

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