Des dirigeants de l’industrie automobile canadienne réclament à Ottawa l’abandon des mandats sur les VZE

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Les dirigeants d’associations qui représentent les constructeurs et les concessionnaires d’automobiles au Canada exigent que les gouvernements fédéral et provinciaux abrogent sur-le-champ les mandats visant l’adoption absolue des véhicules zéro émission s’ils ne sont pas en mesure de fournir les fonds et les ressources nécessaires à l’atteinte de cet objectif.

Lors d’une conférence de presse tenue mardi sur la Colline du Parlement, les présidents et chefs de la direction de la Corporation des associations de détaillants d’automobiles (CADA), Tim Reuss; des Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada (CMAC), David Adams; et de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV), Brian Kingston, ont affirmé de concert que l’objectif de ventes de VZE pour 2035 n’était plus réaliste.

Ils ont fait cette déclaration après l’annonce par Transports Canada, lundi, de l’abandon de son Programme d’incitatifs pour les véhicules zéro émission (iVZE), qui offrait une subvention maximale de 5 000 $ à l’achat. Cette annonce a été faite trois jours après que Transports Canada eut annoncé la suspension temporaire du programme, les fonds étant déjà épuisés en raison du grand nombre de consommateurs qui s’en sont prévalus. Le programme devait se conclure au printemps, le 31 mars.

Au dire de Tim Reuss de la CADA, la décision du gouvernement fédéral de mettre fin abruptement aux incitatifs sur les VE est particulièrement frustrante pour les concessionnaires, qui ont investi dans l’infrastructure et les ressources nécessaires pour appuyer la transition aux VE.

« Les gouvernements fédéral et provinciaux se retirent maintenant d’un processus difficile et coûteux qu’ils avaient eux-mêmes mis en place », a dit M. Reuss. « Il est évidemment hypocrite pour le gouvernement d’imposer des objectifs ambitieux en matière de VZE et des pénalités  l’industrie et aux consommateurs alors que sa motivation à soutenir l’atteinte de ces buts fait défaut. »

Reuss a exhorté Steven Guilbeault, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, à « éliminer le programme » s’il est incapable d’obtenir un financement suffisant. Brian Kingston, de l’ACCV, a affirmé que l’arrêt soudain du programme avait jeté les consommateurs dans le chaos. 

« Tout le monde devrait maintenant se rendre à l’évidence : les objectifs de ventes de véhicules zéro émission décrétés par les gouvernements provinciaux et fédéral ne sont plus seulement ambitieux — ils sont carrément utopiques. L’objectif 100 % de véhicules zéro émission d’ici 10 ans est inatteignable sans l’apport d’un soutien aux Canadiens. » M. Kingston a ajouté que « dicter les véhicules que les Canadiens peuvent ou non acheter sans leur fournir l’aide nécessaire pour passer à un véhicule électrique est un échec politique pour le Canada ».

« L’électrification de l’industrie est inévitable, a-t-il dit, mais la transition doit se faire de façon ordonnée. » Il a également dit que les objectifs que le gouvernement fédéral a fixés il y a un an, qui prévoient que la totalité des véhicules vendus à partir de 2035 seront des véhicules à émission zéro — 20 % en 2026 et 60 % en 2030 — étaient « ambitieux » et leur faisabilité n’avait pas été démontrée. Au dire de David Adams, des CMAC, c’est une question très problématique pour les concessionnaires et, foncièrement, pour les consommateurs canadiens. Il affirme que la conformité aux mandats sur les VZE n’est ni raisonnable ni juste pour les constructeurs d’automobiles, leurs concessionnaires et, surtout, les consommateurs canadiens.

« Au bout du compte, les consommateurs canadiens sont soit responsables de la transition aux véhicules électriques, soit victimes des conséquences de ces mandats destinés à l’échec », a dit M. Adams. Il a ajouté que le peu de temps qui s’est écoulé entre l’annonce de Transports Canada, vendredi, et celle, soudaine, de la suspension du programme lundi trahit un manque de communication ou une mauvaise communication, ce qui a semé le chaos et la confusi

Adams a indiqué que l’utilisation du terme « suspension » était malhonnête, puisqu’il semble fort probable que le Canada déclenchera des élections au retour de la prorogation du Parlement, le 24 mars, et que rien ne garantit que le futur gouvernement continuera d’offrir des subventions.

Efforts et implications

Plutôt que de tenir compte de l’avis de l’industrie et des experts pour élaborer ses mandats sur les VZE, le gouvernement fédéral, selon M, Kingston de l’ACCV, s’est appuyé sur les « analyses inconsidérées » de groupes environnementaux se faisant passer pour des spécialistes de l’automobile.

Lorsque le gouvernement fédéral avait annoncé ses objectifs, l’ACCV avait affirmé qu’il était possible d’atteindre des niveaux de ventes de VZE plus élevés à certaines conditions : une conjoncture favorable, des incitatifs plus généreux pour les acheteurs, une sensibilisation efficace des consommateurs, une vaste infrastructure de recharge, une expansion de la capacité du réseau électrique et le développement d’une chaîne d’approvisionnement en batteries nord-américaine.

« Les constructeurs d’automobiles ont tenu leurs promesses », a dit M. Kingston, qui a indiqué que, depuis 2020, les constructeurs ont annoncé un investissement de plus de 40 milliards de dollars dans la création d’emplois au Canada. Selon lui, de nouvelles données montrent un ralentissement du rythme de construction de l’infrastructure de recharge. Cette infrastructure est essentielle à l’adoption généralisée des véhicules électriques. Il s’est construit 3 000 bornes de recharge publiques de moins en 2024 qu’en 2023, a dit M. Kingston, et ce, à un moment où la propre analyse du gouvernement signale la nécessité d’une accélération sans précédent de la cadence de déploiement de l’infrastructure de recharge. Selon lui, on aurait besoin de 100 000 bornes publiques cette année, alors qu’il n’y en a que 32 000 de disponibles aujourd’hui. 

Il a également fait remarquer que les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Québec ont imposé des mandats encore plus stricts, tout en abandonnant les subventions aux consommateurs et le financement du réseau de recharge et de distribution électrique requis.

En décembre, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il suspendait temporairement ses subventions, qui pouvaient atteindre 4 000 $, de février jusqu’à la fin mars. La province éliminera tout incitatif en 2027 et a annoncé qu’elle interdirait la vente de véhicules à moteur à combustion interne à partir de 2035. La Colombie-Britannique a modifié son programme de subvention l’an dernier et limite ses incitatifs aux voitures dont le prix est inférieur à 50 000 $, une baisse de 5 000 $ par rapport à la limite précédente. Au dire de M. Kingston, les politiques environnementales du gouvernement fédéral et son désir d’appuyer l’industrie automobile et sa croissance sont en contradiction. Les concessionnaires pourraient faire les frais de la frustration des consommateurs

Quant à M. Reuss de la CADA, des concessionnaires subiront « la colère et la frustration » de consommateurs touchés par la décision du gouvernement fédéral d’abolir le programme iVZE. « Ne tournons pas autour du pot : nos membres avancent actuellement l’argent au consommateur pour le compte du gouvernement canadien parce que les incitatifs à l’achat de VE sont destinés au consommateur final », a dit M. Reuss. « Nos membres fournissent un service au nom du gouvernement du Canada : ils administrent ces subventions et les versent d’avance au client lorsqu’il achète un véhicule. Le gouvernement du Canada n’a pas à traiter avec des centaines de milliers de clients qui font une demande d’incitatif pour leur VE. Ce sont les concessions qui s’en chargent. »

Du côté de la  Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), Ian P. Sam Yue Chi, président-directeur général de la CCAQ, a mentionné que « la fin soudaine du Programme iVZE, après les suspensions des programmes provinciaux, crée une crise sans précédent pour les concessionnaires du Québec. Nous avons toujours été des partenaires fiables et engagés aux côtés des gouvernements pour atteindre des objectifs environnementaux ambitieux. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation où nos membres subissent des pertes financières énormes et sont soumis à des pénalités injustes. Nous appelons les gouvernements à agir rapidement pour annuler ces pénalités et à rembourser les sommes avancées par nos concessionnaires pour les ventes de VZE effectuées avant l’annonce de cette suspension définitive du programme. Nous demandons également l’élaboration d’un plan stable et prévisible qui soutienne véritablement notre industrie et l’économie québécoise. »

L'article Des dirigeants de l’industrie automobile canadienne réclament à Ottawa l’abandon des mandats sur les VZE a été publié initialement sur Affaires automobiles.

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